SEXUS
de Henry Miller aux ed. Le livre de poche.
Lorsqu'elle eut tâté du vrai truc, c'est tout juste si elle ne devint pas folle...de passion, de rage, de honte, d'humiliation et du reste. Jamais, de toute évidence, elle ne s'était figuré que ce pût être si agréable , ni si dégoûtant. Le côté dégoûtant, pour elle, c'était l'abandon de soi. Songer qu'il y avait, pendant entre les jambes de l'homme, un truc qui pouvait la faire s'oublier entièrement! - cela l'exaspérait. Elle avait un telle soif d'indépendance - dès l'âge même où elle avait cessé d'être tout à fait une enfant. Mais elle ne voulait pas de ce domaine intermédiaire, de la reddition, de la fusion, de l'échange. Elle aurait voulu garder intact le petit noyau compact de sa personnalité, qui se cachait quelque part dans son sein, et ne s'autoriser que le plaisir légitime de livrer son corps. L'impossibilité de séparer l'âme du corps, notamment dans l'acte sexuel, était pour elle la source d'irritation la plus profonde. Elle agissait toujours comme si , livrant son con à l'explosion du pénis, elle perdait quelque chose, une petite parcelle de son soi infini, un élément irremplaçable. Et plus elle se débattait, plus complètement elle s'abandonnait. Je ne connais pas de femme qui baise plus férocement que l'hystérique qui s'est arrangée pour se frigorifier l'intellect...
Lorsqu'elle eut tâté du vrai truc, c'est tout juste si elle ne devint pas folle...de passion, de rage, de honte, d'humiliation et du reste. Jamais, de toute évidence, elle ne s'était figuré que ce pût être si agréable , ni si dégoûtant. Le côté dégoûtant, pour elle, c'était l'abandon de soi. Songer qu'il y avait, pendant entre les jambes de l'homme, un truc qui pouvait la faire s'oublier entièrement! - cela l'exaspérait. Elle avait un telle soif d'indépendance - dès l'âge même où elle avait cessé d'être tout à fait une enfant. Mais elle ne voulait pas de ce domaine intermédiaire, de la reddition, de la fusion, de l'échange. Elle aurait voulu garder intact le petit noyau compact de sa personnalité, qui se cachait quelque part dans son sein, et ne s'autoriser que le plaisir légitime de livrer son corps. L'impossibilité de séparer l'âme du corps, notamment dans l'acte sexuel, était pour elle la source d'irritation la plus profonde. Elle agissait toujours comme si , livrant son con à l'explosion du pénis, elle perdait quelque chose, une petite parcelle de son soi infini, un élément irremplaçable. Et plus elle se débattait, plus complètement elle s'abandonnait. Je ne connais pas de femme qui baise plus férocement que l'hystérique qui s'est arrangée pour se frigorifier l'intellect...